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Ça pète dans le Social au Conseil Général

20 Mars 2015 , Rédigé par Le Mabawa Enchaîné Publié dans #Les articles

Ça pète dans le Social au Conseil Général

Exclusif : Entretien (très) privé, le Mabawa Enchaîné s’est immiscé dans la tête de Mohamed El Amine, suite à la plainte déposée par Jacques-Martial Henry

A quelques jours des élections départementales, c’est la panique au CG. Zaïdani ne se serait-il pas fait remonter les bretelles par Paris ? Sa gestion dispendieuse des crédits qui lui sont alloués, les projets sur-financés qui n’ont jamais vu le jour, les statistiques toujours aussi mauvaises dans ses domaines de compétence : ça continue, et ça ne s'est jamais arrêté. Le cas d’école c’est le secteur de la Solidarité et du Développement Social avec son emblématique DGA Mohamed El Amine. Il est dans la tourmente et se trouve dans la ligne de mire de JM Henry, vice-président du CG qui quitte le navire avec lucidité après des années de service et qui décide de « tout balancer » sur la catastrophique gestion de la Solidarité et du Développement à Mayotte.

Mohamed El Amine décide de se livrer au Mabawa Enchainé afin de défendre sa version des faits [1].

« C’est une parole d’homme mahorais que vous entendez, la parole de quelqu’un né ici… »

Mabawa Enchainé : Bonjour et bienvenu, merci de nous consacrer ce moment qui pourra nous aider à mieux comprendre votre situation. On a porté plainte indirectement contre vous afin de mettre en lumière une soi-disant gestion catastrophique de la Solidarité et du Social à Mayotte. Expliquez-nous !

Mohamed El Amine : C’est très simple M. Jacques-Martial Henry veut ma peau, il a profité d’une maladresse de notre service de l’Aide Sociale à l’enfance (l’ASE) pour nous mettre devant les juges. Une honte !

M. E. : C’est suite à l’affaire du meurtre de Combani (le coup de sang d’un père qui tue une partie de sa famille et laisse 9 enfants seuls à l’Aide Sociale à l’Enfance)

El Amine : Tout à fait… suite à la tuerie on s’est retrouvé encore avec 9 clandos sur les bras à gérer ; alors l’Aide Sociale à l’Enfance a décidé de les mettre tous ensemble, les 9, chez des amis à nous. C’est chez un cousin de Kani-Kéli et on veut le dépanner : avec les 500 euros par gosses qu’il va toucher, il va enfin pouvoir faire le 3ème étage de sa maison. Et je suis même sûr que, malin comme il est, il fera bosser les gosses sur le chantier pour éviter de payer d'autres clandos.

M. E. : Oui en gros vous nous faites comprendre que dans l’urgence il faut faire preuve de pragmatisme, mais ces enfants auraient-ils bénéficié de toutes les bonnes attentions…quand même ! 9 dans une famille d’accueil…

El Amine : Je vous arrête tout de suite, c’est une parole d’homme mahorais que vous entendez, la parole de quelqu’un né ici et qui agit pour les gens d’ici : les Mahorais, les vrais, ceux qui sont nés là et dont la famille est là depuis toujours. C’est notre île, notre terre, on a choisi notre destin. Que les Comoriens restent chez eux ! Alors on est déjà bien gentil de les placer. Vous savez Monsieur le « journaliste », tous ces petits Anjouanais nous les plaçons dans des familles... d’accord ce sont des amis à nous mais ils les traitent bien : ils leur donnent du riz, et parfois même plusieurs fois par jour. A part les tâches ménagères ils n’ont rien à faire de plus, ils sont chez nous comme chez eux…comme à Anjouan. Parfois les familles d’accueil leurs proposent même du travail au noir afin qu’ils puissent s’acheter des jouets ou des draps.

M. E. : Je comprends, le problème c’est que certains agents voient ça d’un mauvais œil non, notamment Cristel Thouron, la directrice de l’ASE?

El Amine : Alors ça oui c’est la meilleure !!! Déjà qu’il y a ces satanés blancs qui viennent mettre leur nez dans nos affaires, qu’ils nous laissent gérer ! Vous savez Monsieur le « journaliste » moi, ma famille elle est mahoraise depuis la nuit des temps, mon père s’est battu pour que cette île ne soit pas comorienne et reste française, on n’est pas n’importe qui nous. Quand il s’agit de notre île on fait « chacun pour nous », on est des gens importants, on est partout et on partage tout… Tout je vous dis : les contrats avec le privé, les postes d’élus locaux, les postes de la fonction publique territoriale, les subventions de l’état, les voitures de fonction et même les placements en famille d’accueil. C’est comme ça désolé. Et après on me dit que je ne connais pas la solidarité ! Mais voyez les exemples, je suis solidaire et je fais du social…pour les vrais Mahorais. Et quand Mme la Mzungunette vient faire son intéressante pour faire pleurer dans les chaumières, désolé mais ça me gonfle, donc j’ai cru que j’avais le droit de la virer, en fait non je n’ai pas bien lu les textes de lois.

M. E. : Il est vrai que l’intégration de Mayotte dans le droit commun vient perturber nos valeurs, mais n’est-ce pas un mal nécessaire pour mieux profiter ensuite ?

El Amine : Mais ici c’est chez nous, ça fait trois générations que nous sommes les mêmes familles à bouffer au râtelier de la république, on va quand même pas calmer le jeu maintenant. L’indépendance c’est nous, le rattachement à la France c’est nous, la départementalisation c’est nous, l’indexation c’est nous…vous voulez que je continue ?

M.E : Non le message est clair, vous êtes une figure imminente du paysage mahorais et vous êtes dans votre rôle.

El Amine : En plus voyez-vous, nous avons encore saigné nos budgets. Les vacances hors Mayotte payées par le CG dissimulées par des voyages de service ont fortement diminuées. Désormais seul le Dzaoudzi / Nosy Be déroge à la règle, mais que voulez-vous…c’est la nature humaine. En tout cas excusez-nous de nous occuper de nous. Que voulez-vous ? Que nous construisons des structures d’accueil pour les petits Anjouanais ? Vous voulez plus d’immigrés ? On ne va pas leur faire croire que c’est le paradis à Mayotte quand même ? On essaye de recréer les même conditions de vie dont ils pourraient bénéficier de l’autre côté de la barrière, et je dois dire qu'en cela, nous réussissons bien. Je pense donc que notre entretien peut se terminer ainsi : j’agis pour Mayotte et pour les Mahorais et ce qui pourrait apparaître comme de la bêtise, de la méchanceté ou de la cupidité n’est qu’en fait du bon sens, j’agis pour mon île à moi.

Propos recueillis par le Zorro des Mangroves

[1] Parodie d’une interview presque vraie

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